Cela représente une hausse de plus de 40 % par rapport à l'hiver 2019-2020, selon l'édition 2022 du tableau de bord de l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), rendue publique le 28 septembre.
Les constats font froid dans le dos. "Après une relative stabilité de l'indicateur", (15 % en 2018 et 2019, 14 % en 2020), 20 % des Français disent avoir "souffert du froid pendant au moins 24h dans [leurs logements] au cours de l’hiver", indique le tableau de bord 2022 de l'ONPE. Un dommage collatéral de la conjoncture, couplé à la vétusté prégnante de l'habitat, qui réclame urgemment "un vaste chantier d’accélération des rénovations énergétiques".
Double peine
L'actuel renchérissement des énergies n'est pas sans conséquences sur le confort des ménages. Il a pour effet d'engendrer une autolimitation de leur consommation, 36 % des répondants déclarant, alors, souffrir du froid pour "raison financière".
En effet, dans son baromètre Énergie-Info, le médiateur national de l'énergie fait, lui aussi, état des restrictions de plus en plus marquées chez les consommateurs. Des privations qui, à 83 %, visent à "diminuer le montant des factures", alors que 69 % d'entre eux ont déjà réduit le chauffage dans cette optique.
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À cela, s'ajoute, pour 40 % des répondants à l'étude de l'ONPE, la problématique (propre aux logements) de l'isolation ; 5,2 millions des résidences principales se classant encore dans la catégorie des "passoires thermiques". Et, bien que la tendance soit à leur éradication, le chemin d'ici à 2040 est encore long.
La rigueur de l'hiver, quant à elle, n'arrive qu'en troisième position ; environ 30 % des répondants l'estimant déterminante dans leur ressenti du froid (en forte progression -9 points, tout de même, par rapport à 2020).
Via energie-mediateur.fr.
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Une "inquiétude grandissante"
Alors qu'elle constitue un poste de dépense important pour plus de 8 Français sur 10, ils étaient autant à indiquer, en 2021, que la consommation d’énergie constitue "un sujet de préoccupation majeur". Avec une explosion de 14 points par rapport à l'année 2019, "il s’agit du taux le plus élevé depuis la création du baromètre du médiateur national de l’énergie en 2007", détaille Patrick Lavarde, président de l’ONPE.
Cette préoccupation est, en d'autres termes, la crainte de situations délétères en triste hausse. L'année dernière, un ménage sur quatre a, en effet, été confronté à une difficulté pour payer ses factures énergétiques, "malgré les mesures protectrices du Gouvernement (allongement de la trêve hivernale, chèque énergie complémentaire…)". En 2019, cela concernait 10 % des ménages. Ces derniers mois, cela s'est factuellement traduit par un accroissement des interventions des fournisseurs d'énergie suite à des impayés ("+17 % de suspensions et +63 % de réductions de puissance par rapport à 2019", illustre Vie-publique.fr). Notons toutefois qu'il a pu s’agir de rattrapages des interventions qui n’ont pas été réalisées en 2020, première année de crise sanitaire, pendant laquelle la trêve hivernale des coupures pour impayés avait été prolongée.
Cependant, dans ce contexte, l'"inquiétude grandissante des Français pour l'énergie [...] risque de croître davantage à l'approche de l'hiver à venir", s'inquiète Patrick Lavarde.
Des palliatifs présents mais insuffisants
Devant ces constats, l'ONPE salue les initiatives permettant de lutter contre la précarité énergétique. Ainsi, en 2021, l'Anah a financé 644 073 dossiers MaPrimeRénov’, 57 117 ménages ont bénéficié des programmes Habiter Mieux Sérénité ou MaPrimeRénov’ Copro, et 4,7 millions ménages ont utilisé leur chèque énergie pour payer leurs factures.
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Avec retenue, toutefois. Si "l’attribution d’un second chèque énergie [...] a évité le basculement d’une partie des ménages dans [la] précarité énergétique", il n'a, "tout comme le bouclier énergétique mis en place dans l’urgence fin 2021 [...], pas suffi à enrayer le phénomène". "On constate un nombre encore trop faible d’opérations visant des rénovations globales, pourtant les plus efficaces pour réduire les factures énergétiques [...] et répondre aux objectifs climatiques", déplore P. Lavarde.
D'autant que l'on peut finalement déceler, dans le nombre croissant de bénéficiaires de ces dispositifs, une hausse du niveau de précarité énergétique en France... Complexe.
Via ONPE.org.
CE QU'IL FAUT RETENIR :
- L'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) a publié l'édition 2022 de son tableau de bord, citant également des indicateurs du baromètre Énergie-Info du médiateur national de l'énergie.
- Ces études sur des échantillons représentatifs de Français font état d'une dégradation de leur rapport global à l'énergie.
- 20 % des répondants disent avoir souffert du froid en hiver 2021. En hausse par rapport aux années passées.
- Une écrasante majorité dit également être préoccupée par sa consommation d'énergie.
- Les raisons de ces constats sont variées, mais notamment imputables à la conjoncture.
- Bien que des dispositifs d'aides existent, ils pourraient ne pas être à la hauteur de l'enjeu, selon l'ONPE.
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